Le projet d’extension de la zone d’activités de Kerpont porte sur 37 ha :
– la zone de Lézévorch, au nord de la N165, entre le lotissement de la Montagne du Salut et Hortibreizh : 15,9 ha ; 22 lots sont prévus pour des activités artisanales.
– la zone de Kerloïc, au sud de la N165, au niveau de l’échangeur du Toul Douar : 21 ha ; 5 grands lots sont prévus pour des activités industrielles ou de logistique.
Deux réunions publiques présentant le projet d’extension sont annoncées les 19 septembre et 18 octobre à 18 h 30 en mairie de Caudan.
Une exposition présentant le projet accompagnée d’un registre pour recueillir les avis se tiendra dans les mairies de Caudan et Lanester, ainsi qu’à la maison de l’agglo du 19 septembre au 18 octobre.
Documents et registre d’observations sont aussi disponibles sur internet.
Sans nier les besoins des entreprises, nous remarquons, avec d’autres associations (lire ci-dessous) , que ces extensions se font une nouvelle fois aux dépens des terres agricoles et des espaces naturels dont on a aussi besoin pour répondre aux besoins alimentaires, préserver la biodiversité et s’adapter au dérèglement climatique.
A propos de la zone de Lézévorch, l’ADEC rappelle les risques que la coexistence des zones d’activités et des zones d’habitat (lotissement de la Montagne du Salut) fait peser : les nuisances engendrées (bruits, odeurs, pollutions, circulation) peuvent amener à des conflits de voisinage, comme le montrent les exemples de Kerourio, Kergoussel, Kerhet. La zone tampon boisée (50 m de large) qui a été récemment plantée ne peut pas suffire à protéger les riverains.
Pour nourrir le pays de Lorient, sauvons les terres agricoles de Kerpont (et d’ailleurs) !
Appel d’associations du Pays de Lorient, février 2023.
En résumé :
- Nous reconnaissons que le rythme d’artificialisation des sols a bien régressé par rapport aux années antérieures.
- Cependant, à l’heure du changement climatique, de la 6e extinction de masse et des contraintes sur les ressources énergétiques, la croissance économique ne peut-elle se traduire que par la décroissance agricole et la perte de biodiversité ?
- L’agriculture n’est pas l’ennemie de la croissance économique : elle crée des emplois nécessaires, pérennes et non délocalisables.
- La sobriété foncière devrait concerner tous les modes d’occupation du sol. La densification, la construction en hauteur, la réalisation de parkings en sous-sol sont des solutions éprouvées. C’est par exemple le choix qui a été fait par la CCI de Saint Nazaire.
- A aucun moment, le public n’a eu connaissance de l’ensemble des projets sur l’espace de Kerpont et de leurs impacts, positifs ou négatifs. Le public n’est pas non plus informé de l’aspect comptable des « compensations collectives ». Nous réclamons un débat public.
Depuis quelques mois nos élu-es rappellent les projets d’extension des zones industrielles de Kerpont, pour répondre à des besoins du secteur économique. Cela interpelle les associations environnementales : la croissance économique ne peut-elle se traduire que par la décroissance agricole et de la biodiversité ? N’est-il pas temps de reconsidérer l’agriculture comme une activité économique au plein sens du terme : créatrice d’emplois pérennes, innovante et non délocalisable ?
Rappelons le contexte :
En France, entre 20 000 et 30 000 hectares sont artificialisés/an. Cette artificialisation augmente presque 4 fois plus vite que la population, et a des impacts sur la qualité de vie des citoyens mais aussi sur l’environnement.
Accélération de la perte de biodiversité : la transformation d’un espace naturel en terrain imperméabilisé, modifie considérablement l’habitat des espèces animales ou végétales, et peut conduire à leur disparition d’un territoire.
Réchauffement climatique : un sol artificialisé n’absorbe plus le CO2. Un sol artificialisé participe donc à la hausse du réchauffement climatique.
Amplification des risques d’inondations : Par définition un sol imperméabilisé n’absorbe pas l’eau de pluie. En cas de fortes intempéries, les phénomènes de ruissellement et d’inondation sont donc amplifiés.
Réduction de la capacité des terres agricoles à nous nourrir : : l’artificialisation entraîne une perte de production agricole et limite la souveraineté alimentaire de nos territoires.
Accroissement des dépenses liées aux réseaux : pour le rendre accessible et fonctionnel, un terrain artificialisé demande en outre beaucoup d’entretien et d’efforts d’aménagement (routes, électricité, assainissement) qui sont coûteuses et viennent souvent ajouter d’autres nuisances à la biodiversité (bruit,, pollution lumineuse, de l’air et de l’eau)…
Amplification de la fracture territoriale : l’étalement urbain et la construction en périphérie des villes renforce également la fracture sociale déjà présente en reléguant notamment une partie des habitants à l’écart du centre-ville, provoquant sa désertification et la dévalorisation des petits commerces.(Source : Ministère de la transition écologique)
Or, que constate-on ?
Dans le pays de Lorient, chaque année, 0.4 % des terres agricoles (SAU, Surface Agricole Utile) disparaissent au profit de l’urbanisation (habitat, activités économiques, équipements et voiries).
Et cela continue, la Stratégie globale sur les PAE (Parcs d’Activités Economiques) de Lorient Agglomération (avril 2021) évalue, malgré un souci de « sobriété foncière », à près de 300 ha la surface supplémentaire pour l’extension des zones d’activité, hors commerce, du territoire du SCOT du Pays de Lorient.
A chaque fois, bien sûr, ces surfaces supplémentaires amputent d’autant les zones agricoles ou naturelles. Et si nous nous félicitons que le rythme d’artificialisation des sols a régressé par rapport aux années antérieures, nous ne pouvons admettre que cela se poursuive à un niveau encore excessif. Ne doit-on pas maintenant inverser le raisonnement : de quelles surfaces supplémentaires a besoin le Pays de Lorient pour répondre de façon satisfaisante à ses besoins en matière d’alimentation, en matière de souveraineté alimentaire, de résilience aux problèmes de changement climatique, de protection de la continuité écologique, de maintien de réservoirs écologiques assurant la protection de notre biodiversité comme de nos paysages.
La sobriété foncière ne doit-elle pas concerner tous les modes d’occupation du sol ? Ne doit-on pas s’engager plus avant, comme la loi SRU le préconisait déjà en 2000, dans la densification, la construction en hauteur, la réalisation de parkings en sous-sol, une alternative au zonage éloignant domicile et travail, etc … ?
Et cela sans mésestimer le nécessaire développement économique et de l’emploi, réparti de façon équilibrée dans le Pays de Lorient, et donc ses besoins en surfaces constructibles. Mais sans en faire la seule priorité !
Si le maintien et la progression de l’emploi sont un des principaux objectifs des collectivités locales, il ne doit pas être le seul. Déterminer l’aménagement de notre territoire à partir de ce seul axe est une erreur, comme serait une erreur de ne concevoir le développement qu’au détriment des espaces agricoles et naturels.
Une dilatation de l’axe économique Mourillon-Kerpont-Boul Sapin
Des extensions de zones d’activité sont prévues partout dans le périmètre du SCOT, et notamment sur cet axe, dans le SCOT du Pays de Lorient et dans les PLU concernés :
Elargissement à 2 fois 2 voies de la RD 769 entre Lanester et Plouay, extension de la zone d’activités « Kerpont-Mourillon », Boul Sapin (Branderion 10 ha), Le Porzo (Kervignac 27 ha), Kerpont est (Caudan- Lanester, 37 ha), La Cardonnière (Lorient 9 ha), Mourillon ouest et Croix du Mourillon (Queven, 5 et 13 ha), soit près de 100 ha, D’autres tranches se préparent déjà (40 ha pour Kerpont-est II par exemple). Et tous au détriment de surfaces agricoles et naturelles.
L’élargissement de la RD 769 Lanester/Plouay participe à cette artificialisation constante au détriment des terres agricoles et naturelles sans régler les problèmes de fond que sont la saturation de la circulation autour de Lorient ni la prévalence du tout automobile, au détriment des circulations douces (transports en commun, vélo, covoiturage, …) et de l’éloignement croissant domicile/travail.
Chacun de ces projets avance seul. Les procédures sont sans doute respectées pour l’essentiel (code de l’urbanisme), sinon dans les détails (code de l’environnement), mais à aucun moment, le public n’a connaissance de l’ensemble des projets sur cet espace en périphérie de l’agglomération lorientaise, de leur cohérence éventuelle et de leurs impacts, positifs ou négatifs. Le lien entre eux n’est jamais fait.
Chacun se présente comme isolé, mais tous dérogent à la règle de protection des espaces naturels et agricoles. L’application de la règle « Eviter, Réduire, Compenser » favorise de fait des « compensations » dont le résultat est repoussé à plus tard, sans suivi réel : les promesses seront-elles tenues ? inclure dans les compensations pour la RD 769 des boisements à Langonnet, à 50 km de là, est-il raisonnable ? Les propositions arrêtées seront-elles efficaces ? Le résultat sera-t-il positif ? et quand ? quid du paysage, du cadre de vie, des autres habitants, de l’eau, de la biodiversité sacrifiée dans nos territoires très vulnérables ? Des évaluations récentes (Museum National d’Histoire Naturelle, 2021) ont démontré que ces compensations ne remplacent jamais l’original, 80 % sont même inefficaces. De surcroit, des « mesures de compensations collectives » sont régulièrement mises en place par les maitres d’ouvrage. C’est un moyen commode pour payer sa dérogation par des dispositions compensatoires purement comptables.
Nous, associations environnementales et du cadre de vie du Pays de Lorient, nous inquiétons de ce manque de discernement de nos élu-e-s et demandons, en nous opposant à ces ponctions supplémentaires, de repenser les stratégies locales d’aménagement en mettant au cœur de notre démarche la protection des zones agricoles et naturelles. Jusqu’à quand continuerons-nous à opposer besoin d’emplois et d’activités d’une part, respect de l’agriculture paysanne et nourricière, du monde des vivants, de tous les vivants de l’autre ? Quand conviendrons-nous que les espaces agricoles et naturels appartiennent à tous ?
N’est-il pas temps de se poser les bonnes questions si on veut engager durablement le Pays de Lorient dans la voie de la transition écologique ?
Un débat public est nécessaire. Nous le demandons … avant qu’il ne soit trop tard.
Lorient, février 2023 – ADEC Caudan, APRES Brandérion, Biocoop les 7 Epis, Bretagne Vivante, Cohérence, Confédération Paysanne, Eau et Rivières de Bretagne, Optim’ism, Tarz Héol, Terre de Liens.