L’ADEC a participé récemment à 2 réunions à propos du traitement des déchets de Lorient-Agglomération.
Suite à la lettre que nous avions co-signée avec Den Dour Douar, Eau et Rivières et Tarz Héol, des représentants des 4 associations (JM Evanno et Ph Lapresle pour l’ADEC) ont rencontré le 23 septembre Mme Guillet, vice-présidente de Lorient-Agglo chargée des déchets ainsi que plusieurs responsables du service déchets de l’agglomération.
Une seconde réunion le 29 septembre regroupait les membres du comité de suivi du site de Lann Sévelin, dont JM Evanno et Ch Joubier pour l’ADEC.
Le site de Lann Sévelin traite à la fois les déchets ménagers (OMR, poubelle bleue), les emballages (poubelle jaune) et les biodéchets (poubelle verte).
DECHETS MENAGERS
Le choix de Lorient-Agglomération d’abandonner la stabilisation des déchets ménagers dans des tunnels (destruction des éléments dégradables et compactage) puis leur enfouissement, au profit de leur incinération dans le Finistère nous a été présenté comme le résultat du vieillissement des installations et des pannes du processus.
Aucune réponse n’avait été apportée au marché public de gestion du centre de tri de Caudan, du fait d’un équipement ne fonctionnant plus bien (fissures dans les tunnels vieux de 20 ans, pannes à répétition). Cela nécessitait des travaux qui auraient imposé son arrêt pendant plusieurs années, un coût élevé, et ce pour une durée limitée du fait de la réduction imposée de l’enfouissement. En effet, la loi de transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) fixait en 2015 un objectif de réduction de 50% des enfouissements en 2025 par rapport à 2010, ce qui se traduit en Bretagne par une diminution de 180 000 T des possibilités d’enfouissement. Le centre d’enfouissement de Kermat (Inzinzac-Lochrist) bénéficie d’une autorisation d’exploitation jusqu’en 2041, mais Lorient-Agglo devrait le fermer vers 2035.
L’unité de stabilisation a été mise à l’arrêt. 15 000 T de déchets ménagers seront incinérés en 2025, essentiellement à Briec de l’Odet (29), 15 000 T seront enfouis à Kermat (Inzinzac-Lochrist) sans avoir été stabilisés. A terme, ce sont 24 000 T/an qui seront incinérés.
Remarques : – Jamais les différents comités de suivi auxquels l’ADEC a participé, n’avaient été informés de l’état du site. Il nous est répondu que c’est l’absence de réponse à l’appel de marché public qui a fait prendre conscience à Lorient-Agglo de la situation. Lorient- Agglo a été prise de cours et n’a pas consulté les associations car il fallait faire vite et décider rapidement, pour éviter, la rupture de la gestion des déchets.
– Lorient-Agglo produit moins de déchets que la moyenne, mais le volume des poubelles bleues ne diminue plus beaucoup. A une question sur la redevance incitative, facteur reconnu de baisse du volume des déchets, il nous est répondu qu’elle est difficile à mettre en place (trop d’habitats collectifs où les habitants trient mal, dans certaines communes de l’agglo, importance des communes littorales touristiques), qu’une étude financière de faisabilité est en cours mais que l’étude de 2019 a montré que la baisse attendue des OMR serait faible, vu le niveau actuel performant de l’agglo.
– La réduction des capacités d’enfouissement entraine mécaniquement un accroissement de l’incinération.
– Le choix de Lorient-Agglo a un coût financier moindre que celui de la remise en état du site, mais le coût sanitaire et environnemental est, selon nous, plus élevé (impact du transport et de l’incinération).
Un représentant de l’« unité de valorisation énergétique » de Briec nous a présenté son installation : l’incinérateur de Briec, créé en 1993, traite 57 000 T de d’OMR /an, respecte les normes environnementales actuelles concernant les fumées (dioxines, etc.) et anticipe, déjà, les prochaines, mais ne mesure ni les rejets de CO2 ni les PFAS (pas obligatoire, dans l’état actuel de la réglementation). Des analyses sur les lichens et sur le lait de 2 exploitations proches permettent de vérifier le respect des normes. Les mâchefers (10 000 T), charbons actifs et autres résidus de combustion (REFIOM : 1300 T) sont exportés à Changé (Mayenne), dans une unité de stockage de classe 1 (déchets dangereux), la seule dans l’ouest. L’incinération produit de la chaleur et de l’électricité pour des serres proches de tomates.
L’un des avantages attendus de la fermeture des tunnels de stabilisation est la diminution des odeurs, les déchets ménagers ne restant désormais que peu de temps à Lann Sévelin avant leur transport vers Briec ou Kermat. Pourtant des odeurs persistent.
Pour l’information des habitants proches : Des « rondes odeurs » régulières, dans quelques lieux situés en périphérie des installations sont effectuées. A été décidée la remise en place d’un outil de communication et de réception des observations des riverains (reprenant aussi le « numéro vert » actuel). La réduction et l’évitement des odeurs et des bruits sont affirmés comme une préoccupation : davantage de nettoyages, fermeture automatique des portes sectionnelles, observation de la météo pour anticiper des événements perturbateurs.
EMBALLAGES
ECOTRI est l’exploitant du site concernant le tri de la poubelle jaune ; c’est une société à caractère social dont le personnel est en large partie composé de personnes handicapées.
La modernisation prévue a pour objectifs l’amélioration des conditions d’exploitation, la nécessité de se conformer aux nouveaux standards de tri, notamment pour les plastiques, la capacité de recevoir 20 500 T de déchets par an. A l’issue des travaux, le site recevra en effet les emballages d’AQTA (Auray Quiberon Terre Atlantique) et de CCBBO (communauté de commune Blavet Bellevue Océan).
La nouvelle organisation du tri, dotée de nouvelles machines automatiques, doit permettre un tri plus fin, la récupération de déchets électroniques et des plastiques que l’on ne sait pas recycler, le tout à un rythme plus rapide (7 T/heure, contre 4,5T/h). L’objectif annoncé est de permettre une valorisation maximum des emballages et la capture des « petits alus », type capsules. Cela avec une diminution du bruit (intérieur et extérieur), l’amélioration des conditions de travail (pas de tri manuel, surveillance dans des cabines) et de la sécurité des personnels, et la diminution des incendies.
Le démarrage des travaux aurait lieu au 1er trimestre 2026. Le centre de tri serait arrêté du 2 janvier 2026 au 31 juillet, avec un dévoiement des déchets recueillis vers un site finistérien. L’exploitation sur place reprendrait en septembre.
BIODECHETS
2 millions d’euros ont été mis dans la rénovation de la plateforme bio-déchets de Lann Sévelin. Pendant ces travaux, Lorient-Agglo a exporté ses biodéchets à Pont-Scorff ce qui a changé leur nature (humidité, odeur) et leur traitement, lors de leur retour. Quel avenir pour cette filière à Lann Sévelin alors qu’ il y a un projet de méthaniseur à Plouay ? Peut-être qu’à une échéance non déterminée, Lorient-Agglo y enverra ses biodéchets.